Dans le Barlume, fameux bistrot de Pineta, station balnéaire à côté de Pise, il y a du nouveau. Les quatre vieilles canailles qui squattent le bar à longueur de journée n’en reviennent pas : la droite a remporté les élections !
Voilà un sujet infini de discussions, comme s’il en fallait un, entre ces quatre sympathiques vieux grincheux, Ampelio et Pilade qui sont de gauche, et Gino (Dit il Rimediotti) et Aldo qui sont de droite. Mais ils ont une autre raison d’être bousculés dans leurs habitudes : Massimo, le tenancier du bar et sa compagne Alice, commissaire adjoint, ont eu une fille, Mathilde, âgée maintenant de dix mois. Elle ne s’endort qu’en présence des quatre compères et c’est magique ! Personne ne fait aussi bien qu’eux. Quant à Tiziana, la jolie serveuse et son compagnon Marchino, chômeur à l’année, ils ont eu, il y a huit mois, une fille, Michèle Du neuf donc !
Tout irait bien s’il n’y avait eu un meurtre : un étudiant a été retrouvé mort sous une fenêtre de la mairie. Stefano Mastromartino, c’est son nom, préparait une thèse sur deux obscurs écrivains toscans morts il y a bien longtemps. Le professeur Sergio Viterbo, qui enseigne la philologie dans la prestigieuse Ecole Normale de Pise, était son directeur de thèse. Interrogé dans son bureau encombré de diplômes tous à sa propre gloire, il est le reflet d’une institution dans laquelle, nous dit Alice, il est déjà très difficile d’entrer mais où il est encore plus difficile de rester. Les étudiants reçus, quelques pour cent des candidats, se rendent plus ou moins vite compte que les quatre-vingt-dix pour cent éliminés sont loin d’être sans intérêt. Et donc, ils quittent cette vénérable institution.
L’enquête se prolonge dans Pise et sa fameuse place des Miracles pour retourner à Pineta. Le Bosco Torto, vaste terrain objet d’une forte spéculation immobilière en raison de sa position proche de la mer et de la présence d’une source thermale, est au cœur de l’enquête
Pendant ce temps-là, au Barlume, nos quatre compères commentent les ragots et autres blagues qui circulent tout en se donnant l’illusion de chercher et de trouver le coupable. Massimo, lui, gère son bar auquel la nouvelle mairie n’a pas encore accordé le droit d’installer sa terrasse, et c’est un problème. Alice, elle, fait son métier. Elle cherche le coupable.
Et c’est Massimo, ancien chimiste de haut vol reconverti dans la restauration, qui va réfléchir en scientifique, orienter les recherches et éclairer sa compagne dans son travail.
La morra cinese, jeu de main qui se joue à deux, est un giallo plein d’un humour piquant mais jamais méchant ni dénigrant. Marco Malvaldi nous raconte l’histoire de ce bar imaginaire dans une ville toute aussi imaginaire et on le suit avec un petit sourire jusqu’à la dernière ligne qui révèle une drôle de surprise.
Philippe Poivret