Bouleversant. C’est le terme qui s’impose après avoir tourné la dernière page de Come d’aria. D’autres adjectifs pourraient convenir mais c’est celui-là qui s’impose
Une maman apprend qu’elle est atteinte d’un cancer incurable. Elle écrit à sa fille Daria pour lui raconter sa grossesse, l’accouchement et les premiers jours de sa vie. Elle lui raconte comment elle a appris, sitôt après la naissance, qu’elle, sa fille, était atteinte d’holoprosencéphalie, malformation cérébrale qui entraine un défaut de communication entre les deux hémisphères cérébraux. Sa fille ne parlera pas, ne pourra pas se tenir debout, voit mal et entend probablement tout aussi mal. Commence alors un long cheminement pour accepter ces déficits et gérer sur le plan personnel et familial ces lourdes contraintes. Ada d’Adamo raconte aussi sa vie avant sa grossesse, tous ses doutes et ses espoirs d’être, un jour, une maman. Et ça n’a pas été simple.
Sans jamais se plaindre, en assumant tout, en racontant presque tout, elle explique qu’il y a des moments de vrai et intense bonheur quand une communication, même difficile, même partielle et sans parole, s’instaure entre sa fille et elle. Tout vient naturellement, presque sans effort. Un sourire, un regard, une ébauche de geste font que la vie vaut d’être vécue. On sent que cette maman et sa fille vivent des moments de vrai bonheur, qu’on n’avait pas soupçonnés ni même pensé qu’ils puissent exister avec une telle intensité avant de lire ce livre, ce témoignage, cette lettre.
Très intime, délicate et pudique, Ada d’Adamo n’oublie pas de parler de l’avortement, des problèmes matériels rencontrés par les parents d’enfant handicapé, des erreurs des médecins ni de la violence extrême de l’annonce d’un diagnostic définitif.
Ada d’Adamo, autrice de Come d’aria est décédée à l’âge de cinquante-cinq ans en avril 2023. C’est son mari qui a reçu, en son nom et à titre posthume, le prix Strega.
Come d’aria
Ada d’Adamo
Ed.Elliot, 2023, 144 pages,15 euros
Philippe Poivret