À l’occasion du vernissage de l’exposition Clemen Parrocchetti, nous avons eu le plaisir de rencontrer deux de ses enfants et un de ses petits-fils : Martino Guidobono Cavalchini, qui gère le fonds d’archives au Château de Borgo Adorno, en collaboration avec Marco Scotini. La famille a entrepris un travail d’inventaire et d’étude des œuvres, présidé par un comité scientifique, activant également la traduction en français des nombreux journaux et carnets de l’artiste, qui, avec une grande richesse et variété de langages, a traversé un demi-siècle d’histoire de l’art italien. A découvrir au 49 Nord 6 Est – Frac Lorraine de Metz, jusqu’au le 17 août
Née dans une famille de l’aristocratie lombarde, Clemen Parrocchetti (1923-2016, Milan, Italie), après avoir donné naissance à quatre enfants, se forme à la peinture à l’Académie de Brera, dont elle sort diplômée en 1956.
Sa pratique artistique s’enrichit des revendications du mouvement féministe des années 1970. La broderie, qu’elle pratiquait depuis son plus jeune âge, devient une expression artistique et un instrument de protestation et de dénonciation de la condition féminine. L’artiste commence ainsi à utiliser les textiles et de petits objets ménagers (aiguilles, bobines, fils, épingles, poupées…). Elle les assemble dans ses compositions et les fait cohabiter avec des formes d’œil, de vulve, de bouche et de cœur, motifs récurrents dans son travail.
Son engagement féministe se lit dans le manifeste Memento pour un objet de culture féminine (1973), qu’elle brode au fil rouge sur une plaque d’aluminium. Dans ses œuvres, nous retrouvons les combats des mouvements féministes toujours d’actualité : le droit à l’avortement, les luttes contre les violences domestiques… mais sa narration n’est jamais violente, elle est plutôt joyeuse, ironique et fortement poétique.
L’artiste italienne s’intéresse aussi à d’autres formes de vie du monde animal : mites, puces, blattes. Elle place ces insectes sur un pied d’égalité avec l’être humain et semble se reconnaître en eux, dans la manière dont ils sont rejetés et écrasés par la société.
Même les moindres événements du quotidien, comme les mites qui dévorent ses vêtements, ont le pouvoir de déclencher son imagination d’artiste.
Clemen continue à travailler avec ses outils préférés : aiguille, fil, crayons et pinceaux – jusqu’à la fin de sa vie, avec une dévotion incessante à son travail d’artiste.
Un grand merci au Frac Lorraine et à la fondation Archivio Clemen Parrocchetti, qui ont organisé pour la première fois en France cette magnifique exposition : étonnante, engagée et poétique. À voir absolument !
Photo Andrea Rossetti | Courtesy de l’artiste et Clemen Parrocchetti Archive, Borgo Adorno
Ornella Piccirillo
Foto cover: Clemen Parrocchetti Sussuri [Chuchotements], 1978 (détail) Broderie et assemblage sur jute – Photo Antonio Maniscalco Courtesy ChertLüdde, Berlin et Clemen Parrocchetti Archive, Borgo Adorno
49 Nord 6 Est – Frac Lorraine (Fonds régional d’art contemporain de Lorraine)
1 bis, rue des Trinitaires
57000 Metz
49 Nord 6 Est Frac Lorraine