Tutti i particolari in cronaca (Mondadori, 2024): c’est l’histoire de Carlo Cappai, archiviste d’un tribunal de province, sorte de Minautore qui est le seul capable de retrouver, dans un dédale d’étagères couvertes de poussières des dossiers classés depuis longtemps
Son univers, c’est le passé. C’est aussi l’histoire de Walter Andretti, journaliste local, passé de la rubrique sport à la rubrique faits divers, qui fait de son mieux dans sa vie professionnelle mais dont la vie sentimentale se résume à un vide et des échecs. Son univers, c’est le moment présent. Ces deux-là ne vont pas se croiser de sitôt, ils vont vivre leurs vies dans cette petite ville de province où un notable se fait tuer dans sa voiture pendant qu’une prostituée s’occupe de lui et où Daniele Martinelli fils d’un redoutable magistrat est accusé du meurtre de ses deux parents.
Le capitaine Ossola enquête sur ces affaires. Walter Andretti aussi, cherchant toujours à recueillir des informations le premier, histoire de griller la politesse à ses confrères journalistes qui travaillent dans le journal concurrent. Mais en faisant attention, comme le lui a demandé le capitaine Ossola, à ne pas mener lui-même une enquête. Antonio Manzini explore les frontières entre les enquêtes journalistiques et les enquêtes de la police. L’équilibre est subtil mais il faudra bien échanger des informations, s’entraider et conclure.
Carlo Cappai partage avec Walter Andretti la recherche d’une certaine justice. Une justice très éloignée de celle des hommes pour le premier, assimilée à la recherche de la vérité pour le second Marqué par la mort de son amie Giada lors d’une manifestation pendant les années de plomb, Carlo Cappai se reproche indéfiniment de n’avoir pas su la protéger. Walter Andretti, lui n’a jamais réussi à construire un couple et se rend compte trop tard de ce qu’il aurait pu construire.
Un moniteur de tennis au physique parfait, une femme de ménage dévouée, une chef de rédaction difficile à supporter et bien d’autres personnages secondaires apparaissent avant que l’on suive un procès que Walter Andretti va couvrir et au cours duquel vont s’affronter la défense et l’accusation dans un duel où chacun garde ses armes pour les sortir au meilleur moment.
Carlo Cappai, personnage à l’esprit analytique et froid, et Walter Andretti, personnage léger, trop même, sont les deux héros de ce Giallo sombre et noir qui ne laisse aucune illusion sur la nature humaine ni sur les engrenages que les échecs et les sentiments entrainent.
Philippe Poivret