L’article sur les cités ouvrières d’Italie dans le numéro de décembre 2019 de PassaParola a sans doute réveillé des souvenirs parmi ses lecteurs et l’idée d’« écrin social  » les a probablement étonnés car on associe souvent la cité au paternalisme industriel.

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La cité pour répondre aux besoins de l’industrie

L’essor industriel de la Lorraine au XIXe siècle s’est fait avant tout hors des centres urbains : il fallait loger le personnel au plus près de la mine ou de l’usine pour éviter les déplacements nuisibles à la productivité. Stabiliser l’ouvrier est également un souci du fait du « vagabondage professionnel ». De 1850 à 1910, la cité ouvrière est un élément de I’appareil de production. En construisant d’abord des « casernes » puis une cité ouvrière, les Wendel transforment le hameau de Stiring qui devient en 1857 la commune de Stiring-Wendel.

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C’est un projet global singulier avec économat, église et école. À Ars-sur-Moselle en revanche, Dupont et Dreyfus, propriétaires des hauts-fourneaux, manquant de crédits pour un projet ambitieux, construisent en 1858 la cité Saint-Paul qui se résume à quatre longs bâtiments. Dès ses débuts, le logement ouvrier est complété par un jardin potager et un appentis pour les petits élevages nourriciers. On tente ainsi d’alléger la pression sur les salaires tout en détournant l’ouvrier du cabaret… La plupart du temps, écoles, églises, économats, infirmerie sont édifiés pour apporter des services que les communes ne peuvent fournir.

Vers la cité-jardin

Les théories urbanistiques allemandes ont inspiré à Thyssen la création de la cité d’Hagondange en 1911. C’est la première cité de Lorraine à plan courbe, avec plusieurs niveaux de circulation, la répartition des jardins et du bâti lui donnant son aspect agréable. Toutes les maisons ont un porche et un vestibule extérieur. La taille différenciée des maisons et la structure de la cité rappellent la hiérarchie au travail : les ouvriers sont au bas de la cité alors que l’encadrement loge en haut de celle-ci.

La naissance de la cité ouvrière comme œuvre sociale

Au début du XXe siècle, il faut rénover les premières cités, augmenter la taille des logements et les équiper (eau, électricité, gaz). Les revenus locatifs ne suffisent plus. Les entreprises font passer sous la rubrique « œuvres sociales » les dépenses rattachées au logement ouvrier pour faire accepter l’effort financier à leurs actionnaires. Dans l’entre-deux-guerres, salles des fêtes, terrains de sport et gymnases font leur apparition : ils apportent la touche finale à l’idée que l’on se fait aujourd’hui de la cité ouvrière. À Réhon-Heumont, l’usine de la Providence conçoit autour de 1930 une cité isolée de l’espace industriel, équipée dès le départ d’un stade et offrant des logements vastes et clairs.

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Le devenir des cités ouvrières

Sales, monotones et tristes, c’est ainsi qu’on qualifie les cités en 1980-81 quand mines et usines ferment… Pourtant leurs locataires les achètent aussitôt. Aujourd’hui, ce sont de coquets pavillons mais le sentiment d’appartenir à une communauté de vie et de travail s’est perdu : « Ce voisin travaille au Luxembourg et celui-ci dans un grand commerce, remarque un ancien habitant de cité, on se connaît à peine et les potagers ont presque tous disparu ».

 Anne-Marie Dufour

Source : Laurent Commaille, Les cités ouvrières de Lorraine 1850-1940 : étude de la politique patronale du logement, Thèse de doctorat d’histoire, Université de Metz, 1998

 

 

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