Idda Michela Marzano Ed. Einaudi, 240 pages
Idda n’est pas encore traduit en français. Mais le vocabulaire est celui de la vie courante et la construction des phrases est simple.
Voilà un beau livre. Ou un bon livre. Mais bon, dans le sens de bonté. De bienveillance. De pardon. La vie n’est jamais simple. Et même si ce n’est pas une vallée de larmes, ce n’est jamais facile de vivre. Rien ne se passe jamais comme on nous l’avait expliqué ou promis, ni comme on l’avait espéré ou prévu.
Alessandra, une Italienne qui enseigne la biologie dans une faculté parisienne comme l’autrice, mais qui elle, enseigne la philosophie à l’université Paris-Descartes, vit avec Pierre, un Français, un éternel adolescent qui est resté le bébé de sa maman. Annie, la mère de Pierre perd petit à petit la mémoire, oublie tout et le diagnostic d’Alzheimer tombe assez vite. Pierre et Alessandra, que Pierre appelle affectueusement Ale, vont s’occuper d’elle. Ce n’est jamais simple d’accompagner une ou un malade chronique surtout quand on est sûr que ça va mal se terminer. Il n’y a pas de repos et tout ce qui était enfoui, surtout les manques, les regrets ou les rancœurs, remonte à la surface.
Alessandra va, elle aussi, devoir affronter la blessure qu’elle traîne depuis la mort de sa mère. Blessure qui la détruit. Ce couple italo-français se confronte à deux langues différentes, à deux cultures différentes, à deux façons de vivre en famille ou en société mais, malgré la maladie, la mort, les échecs, la vie doit continuer et se renouveler. Tout est possible et « ti amo », nous dit Michela Marzano, est la phrase qui reste toujours. C’est cette phrase que les malades d’Alzheimer n’oublient jamais, même quand la mémoire s’est totalement vidée. C’est aussi cette phrase qui va sauver les vies d’Alessandra et de Pierre.
Un beau roman sur la vie, avec en prime quelques piques sur les habitudes des Français et aussi celles des Italiens ! À lire donc.
Idda a été présenté dans le numéro de mars 2019 page 45 dans la rubrique #Leggiconnoi a cura di Silvia Del Medico per la Libreria italiana di Lussemburgo
Philippe Poivret