Chiara Parisi a pris ses fonctions de directrice du Centre Pompidou-Metz le 2 décembre 2019.
Nous l’avons interviewée pour vous.
Spécialiste d’histoire de l’art, en particulier du Maniérisme et de la Renaissance tardive, Chiara Parisi n’en est pas à sa première expérience en France. De 2004 à 2011 elle a dirigé le Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière, transformant cette île, inconnue jusqu’alors, en un grand parc dédié à l’art contemporain. Puis, en 2011, elle a été responsable des programmes culturels de la Monnaie de Paris. Toujours à Paris, la nouvelle directrice a organisé les expositions surmédiatisées de Paul McCarthy et de Maurizio Cattelan. En 2017, elle a été nommée commissaire des expositions à la Villa Médicis, siège de l’Académie de France à Rome. Chiara Parisi arrive à Metz porteuse d’un projet artistique important et bien structuré, avec des références internationales et locales. Son premier travail sera de préparer le dixième anniversaire de la création du Centre Pompidou-Metz, qui comprendra des aspects festifs. Souriante et spontanée, Chiara Parisi a conquis le public messin avec un discours clair et synthétique sur la programmation 2020 et quelques aperçus des grandes lignes de son projet, parmi lesquelles l’organisation d’expositions interdisciplinaires, le développement de la dimension pédagogique de l’offre culturelle du Centre, avec la participation prochaine des écoles (d’ici deux ans), l’introduction d’ateliers d’éducation artistique, le mélange d’artistes de différentes époques, une exposition sur Arcimboldo. Voici les premières thématiques qui l’ont amenée à la direction du Centre, mais pour Chiara le devoir d’une directrice est aussi de s’occuper des aspects pratiques de la gestion d’un musée. C’est ainsi que son agenda dans les prochains jours sera consacré à l’étude d’une nouvelle signalétique des salles afin d’y rendre la circulation plus fluide, de trouver de nouvelles ressources pour augmenter le nombre de médiateurs pour des parcours plus vivants et des guides audios. Voici ses réponses aux questions de PassaParola.
Quelles sont les différences entre l’Italie et la France en ce qui concerne les politiques culturelles ?
Il me vient immédiatement à l’esprit la décentralisation de l’offre culturelle qui a eu des effets positifs en France. En revanche, cela n’a pas été nécessaire en Italie, étant donné que pour des motifs historiques notre pays a toujours connu des réalités différentes sur l’ensemble de son territoire. En ce qui concerne l’art contemporain, je pense que la France est capable de trouver les fonds nécessaires pour le
« démocratiser » et le rendre accessible au grand public. Dans ce domaine l’Italie a encore un certain retard.
À votre avis quelle est la qualité essentielle pour bien exercer votre profession ?
Je dirais l’intuition qui fait partie de notre DNA à nous les Italiens. Ne me demandez pas de vous expliquer de quoi il s’agit, je ne saurais pas vous répondre. Cette intuition se développe avec l’expérience, et nous autorise à abandonner les zones plus confortables de notre programmation. Un souvenir qui m’est cher est ma rencontre à mon arrivée en France avec Jean-Luc Godard à Tourcoing, au centre culturel du Fresnoy, où je l’ai entendu insister sur l’importance de l’intuition pour sentir et saisir l’air du temps, élément essentiel de toute expression artistique.
Ornella Piccirillo Hahn